Encore une app de prise de notes ? Cette fois c’est un acteur historique de la carte mentale qui rentre dans l’arène. Avec Meisternote, Mindmeister nous propose sa vision de la prise de notes et du partage d’information en mode collaboratif.
Pourquoi ? Pour qui ? On fait le tour.
Comme Zenkit, Mindmeister nous fait le coup de l’écosystème
J’ai déjà chroniqué Hypernotes, l’outil de prise de notes de la suite Zenkit. Suite qui comprend un gestionnaire de projets (Zenkit Base, et aussi Zenkit Projects), et un gestionnaire de tâches (Zenkit ToDo).
Mindmeister semble suivre une trajectoire similaire, à partir d’une base différente. En effet, le produit d’origine est l’outil de cartes mentales : MindMeister. Celui-ci existe depuis 2007. Et compte pas moins de 7 Millions d’utilisateurs dans le monde (source : https://en.wikipedia.org/wiki/MindMeister)
Le gestionnaire de projets MeisterTask a suivi 3 ans plus tard, fin 2010. En 2015, MeisterTask comptait déjà 3 Millions d’utilisateurs dans le monde (source : https://www.meistertask.com/blog/meister-news/2020/03/18/meistertask-turns-5/). Et en juillet 2018, MeisterTask est passé à la v2 avec son lot d’améliorations au niveau du tableau de bord, des projets, des champs personnalisés, des checklists, et de l’automatisation.
Et toujours l’intégration avec Mindmeister, qui permet de transformer une ligne de carte mentale en tâche. Avec un lien bidirectionnel entre les deux applications.
Il manquait la partie documentation. En septembre 2021, le groupe a annoncé le lancement de Meisternote, qui vient compléter l’offre.
Bien évidemment, Meisternote peut accueillir des cartes mentales conçues dans Mindmeister. Et créer des tâches, ou relier du contenu à des tâches existantes.
Meisternote, pour quoi faire ?
La promesse de l’éditeur, c’est “aider les équipes à rédiger et organiser l’information de manière collaborative.” Dans cette logique, Mindmeister met en avant 4 utilisations principales
1/ Bases de connaissances
Comme toute base de connaissances, le point important ici est la centralisation de l’information. Tout est accessible, et peut être rangé dans différents espaces de travail.
Comme ses concurrents, Meisternote s’appuie sur certaines fonctionnalités collaboratives :
- les notifications, quand vous êtes @mentionné ou qu’une note est modifiée
- un outil de recherche puissant ; c’est effectivement la force d’Evernote, par exemple
- des liens entre les notes (même si j’ai mis du temps à comprendre leur fonctionnement)
- les commentaires et @mentions qui peuvent faits sur chaque élément de contenu
…
Tout cela, les concurrents le font aussi. Dropbox Paper également.
2/ Communication interne
Ici, les 4 atouts mis en avant sont :
- une navigation intuitive, et c’est vrai que l’interface est particulièrement plaisante
- le partage de contenu, qui s’effectue au niveau des espaces de travail. Dans le contexte de la communication interne, chaque service peut définir des espaces de travail communs à l’équipe et/ou à l’entreprise
- la synchronisation instantanée avec tous les utilisateurs
- les notifications, déjà évoquées plus haut
3/ Documentation de projets
Pour la documentation, c’est la structure qui va être importante. Ainsi que la lisibilité des documentations. Comme pour la base de connaissance, Meisternote met en avant les notifications, la recherche, les liens et les commentaires.
Je mettrais un petit bémol sur l’absence de tableaux en natif (voir plus bas). Et en même temps, vous pourrez intégrer Google Sheets. donc il existe toujours des solutions.
4/ Suivi de réunions
Quel éditeur n’a pas tenté de résoudre le problème des notes et suivis de réunions ? La proposition de Mindmeister n’offre rien de révolutionnaire. Mais l’intégration avec Meistertask permet de combiner notes et suivi des tâches.
Globalement, la promesse reste un accès immédiat aux notes avec la synchronisation instantanée, les commentaires et @mentions, et les notifications.
Quels sont les points forts de Meisternote ?
Votre contenu hébergé en Europe
Et de plus, Mindmeister est une société européenne (allemande). Tous les produits sont hébergés dans l’Union Européenne. Et les serveurs sont dans un data center certifié ISO 27001, à Francfort.
Si la localisation des données est un point important pour vous, c’est une info importante.
A noter que la situation est assez similaire chez Zenkit. La société est également allemande, et les serveurs en Allemagne.
L’intégration avec le reste de la suite (Mindmeister, MeisterTask)
Ce qui veut dire que vous pouvez assigner des tâches directement à partir des notes de réunion (le voila, l’avantage concurrentiel). Et faire le pont entre les apps.
Au niveau cartes mentales, je trouve l’intégration assez limitée pour le moment. En effet, la seule possibilité est d’intégrer une carte Mindmeister dans une note Meisternote.
J’aurais aimé pouvoir commencer la rédaction dans une carte mentale. Et la traduire automatiquement en note, avec sa hiérarchie de titres et contenus.
Peut-être pour plus tard ?
L’interface de Meisternote : sobre et reposante
Très bon point pour l’interface, qui est vraiment optimisée pour la lecture et l’écriture.
Elle se compose de 3 sections
- à gauche, le nom de l’espace de travail, et la liste des notes et modèles disponibles
- au milieu, votre contenu
- à droite, 3 possibilités : les tâches, l’historique, ou le plan de la note
Sur ce dernier point, j’ai particulièrement apprécié de pouvoir naviguer directement avec les titres et sous-titres.
Au niveau du contenu, la barre de mise en forme apparaît au clic, avec les possibilités classiques : gras, italique, souligné, barré. Et aussi les liens et la couleur de mise en avant. Et bien sûr commentaires et tâches.
Et pour les blocs, c’est un classique / ou un clic sur le bouton plus.
Des blocs avec 15 types de contenus
Avec ses 15+ types de contenus, une note Meisternote peut contenir du texte, plus au moins structuré. Et aussi des visuels. Et des contenus embarqués (embed)
Mention spéciale pour les 4 types de boites qui sont une spécifité Meisternote.
En effet, on trouve
- l’infobox, avec son icône (i)
- l’avertissement, avec son icône /!\
- l’astuce
- la citation
Et en fait, on se rend compte que les possiblités sont infinies, puisque ces 4 boites ne sont qu’une variation sur le même thème : le texte sur fond de couleur avec une icône. Et tout ceci est totalement paramétrable. Les 4 propositions ne sont finalement que des raccourcis. Et vous pouvez très bien définir votre propre palette de boites.
A noter que ce n’est pas une totale exclusivité de Meisternote. Chez Notion, cette boite s’appelle Callout. Et vous pouvez également modifier l’icône. Et la couleur de fond, ainsi que celle du texte.
Des intégrations nombreuses et bien pensées
Je ne les ai pas vues tout de suite. Mais beaucoup d’outils tiers sont cachés dans l’option /embed. Cellle-ci propose en effet 22 services, dont la suite Google (Docs, Drawings, Maps, Sheets et Slides). Et les incontournables Loom, Giphy, Figma, Miro. Et pour les vidéos, on a Vimeo et Youtube.
Un mode présentation bien utile
Et qui me fait regretter celui qui existait sur Evernote avant la mise à jour à la v10…
Son fonctionnement est très simple : chaque balise titre ou chaque ligne passée crée un saut de page de la présentation. C’est un très bon moyen de rapidement partager les notes sur projecteur ou en visio. A noter cependant que la mise en page est rudimentaire. C’est à dire, absente. Vous ne pouvez rien paramétrer. Et en même temps, c’est ce qui fait la simplicité et l’efficacité de la proposition.
En écrivant cet article, j’ai réalisé que Dropbox Paper proposait aussi un mode Présentation. De même que XMind, si on va sur le terrain des cartes mentales.
Un historique des versions
C’est intéressant comment chaque éditeur met en avant des fonctionnalités différentes. J’avais oublié qu’Evernote proposait l’historique des notes jusqu’à ce que je rédige cet article. Et je découvre au passage que Notion propose l’historique sous le terme “page updates”. C’est également le cas de Dropbox Paper.
Donc, voila, c’est une bonne nouvelle. Et en même temps c’est une fonctionnalité finalement assez classique.
Les limites de l’outil de notes de Mindmeister
Meisternote auf English, bitte !
Certes l’outil est européen, mais pour l’instant il ne parle qu’anglais. Là où ses ancêtres MindMeister et MeisterTask gèrent parfaitement la langue de Molière. Sans doute parce que Meisternote est trop jeune ? Mais pour de la prise de notes et le partage en équipe francophone, c’est un peu dommage.
Le partage des notes au niveau espace de travail
Pas de possibilité de partager une note individuelle. Contrairement à ce que proposent ses concurrents, y compris les plus anciens comme Evernote, ou évidemment Notion. À noter que chez Hypernotes, on peut partager une note individuelle, mais uniquement aux utilisateurs connectés.
15 types de contenus c’est bien, mais en 2022 c’est peu
Alors oui, quand Notion est arrivé, c’était révolutionnaire de choisir son type de contenu avec un simple / et de voir le menu déroulant proposer ses options. Mais Notion, c’était en 2016-2017 (j’ai entendu “déjà” ?) En 2022, les variétés de contenu proposées par Meisternote paraissent bien maigres.
Pas de tableaux, par exemple. Pas du tout C’est à dire, même pas le tableau de base qu’Evernote ou OneNote proposent depuis plus de 10 ans.
Alors oui, pour être précis et honnête, vous pouvez intégrer un Google Sheets.
Mais pour les tableaux rapides…
Et pas non plus de colonnes. La présentation est linéaire, comme Evernote peut le faire.
Et on parle des polices de caractères ? Certes, c’est un mal pour un bien. Une partie de la sobriété de l’interface vient du fait qu’il n’est pas possible de changer les polices d’affichage.
Comme pour la Ford Modèle T, vous avez le choix entre 1 police.
Meisternote, c’est gratuit ? Parlons prix
Meisternote propose une version gratuite, déjà bien complète pour du travail individuel et pour tester l’outil. Celle-ci propose :
- 5 espaces de travail
- nombre de notes / blocs illimités
- historique des versions
Evidemment, dans la mesure où Mindmeister met en avant le travail en équipe, cette version gratuite ne sera vraiment pertinente que le temps de tester avant d’adopter en collectif.
Ensuite, la version Pro est proposée à 5,99€ par utilisateur et par mois. Soit la fourchette plutôt attractive de ce type de produits.
Alors, Meisternote, c’est pour qui ?
Comme pour Hypernotes, j’ai tendance à croire que l’outil s’adresse avant tout aux membres du club. Si vous utilisez déjà MeisterTask pour vos projets, Meisternote est un très bon moyen de relier la documentation projets aux tâches à suivre.
Si vous cherchez un outil de prises de notes collaboratif, le marché est très vaste, et ce n’est peut-être pas la première solution. Néanmoins, l’interface sobre montre son efficacité.
Pour un autre avis, en anglais, vous pouvez retrouver une interview de Mara Münzing, product marketing manager, sur le blog mindmapping softwareblog : https://mindmappingsoftwareblog.com/meisternote-interview/